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Shadoc

Organisation et coordination sur des périmètres irrigués

Olivier Barreteau, Cemagref.

Jeu de rôle avec Shadoc

Ce système multi-agent a d'abord été construit dans une perspective de recherche. Il s'agissait d'explorer les liens entre les modes de coordination entre paysans dans un système irrigué de la moyenne vallée du Fleuve Sénégal et la viabilité du système. Le modèle constitue ici un système irrigué virtuel à vocation de support d'expérimentation afin d'éviter la pratique du " learning by doing ".

Il repose sur la représentation d'un archétype de système irrigué de la moyenne vallée du Sénégal ainsi que sur la représentation d'un ensemble de paysans structuré en plusieurs groupements, en charges d'activités spécifiques tels que l'allocation de l'eau, l'accès au crédit ou la gestion du réseau principal et de la station de pompage. Les paysans sont décrits en particulier par un lien vers une parcelle et un objectif de mise en valeur de cette parcelle (voir figure 1). Les règles mises en œuvre par les agents concernent successivement au cours d'une campagne : l'accès et la répartition du crédit, puis de l'eau et l'évaluation du déroulement de la campagne et des règles qui y sont menées. La simulation permet d'enchaîner plusieurs campagnes.

Figure 1. L'interface graphique du modèle

Les simulations permettent d'observer la longévité du système irrigué ainsi constitué sans intervention extérieure en tenant compte du taux d'utilisation. Les scénarios simulés comportent des paramètres issus de trois groupes : les règles collectives, les populations de comportements individuels et des paramètres de structure et d'environnement tel que la taille du périmètre ou les pertes par infiltration.

Après une phase de tests de sensibilité, le modèle ainsi obtenu est apparu pertinent pour un usage en recherche, capable de discriminer des scénarios en fonction de leur viabilité vue comme la durée de mise en œuvre du système irrigué sans intervention extérieure.

Cependant il n'est pas aisé au premier abord pour des acteurs extérieurs au processus de création du modèle d'entrer dans sa logique. Que ceux-ci soient familiers avec l'outil informatique ou avec le terrain représenté, le modèle conserve un aspect boîte noire qui rend nécessaire son explicitation. Pour ouvrir cette dernière, nous nous sommes orientés vers la réalisation d'un jeu de rôles. De nombreux éléments caractéristiques de jeux et de SMA peuvent en effet être associés : agent/joueur, règle/rôle… Ce recours au jeu revient en fait à faire vivre le déroulement du modèle aux personnes à qui on veut le présenter.

La traduction a impliqué plusieurs simplifications pour pouvoir pratiquer le jeu. Celle-ci s'est faite en plusieurs étapes avec un groupe de joueurs test connaissant bien le terrain. Le jeu se joue avec 10 à 15 joueurs et est constitué de cartes trilingues (français, pulaar, wolof) décrivant les comportements possibles pour chaque joueur, de deux lieux séparés représentant l'un village et l'autre le périmètre et d'un ensemble de cartes " occasion " reproduisant les aspects aléatoires du modèle.

Ce jeu de rôles a tout d'abord été mené dans les villages même où les enquêtes ayant permis la constitution du modèle ont été faites.

Photo 1. Au cours du jeu de rôles

Dans un deuxième temps, un an plus tard, le jeu fut présenté lors d'un atelier organisé au Sénégal prés de Saint Louis, dans un contexte un peu différent (voir photo 1). Cet atelier durait trois jours: le premier jour, les joueurs découvraient le jeu de rôles, ce qui leur permettait de faire une ou deux campagnes. Le deuxième jour était consacrée à un long jeu sur cinq ou six campagnes, permettant d'observer les effets à long terme des décisions. Au cours du troisième jour des simulations sur ordinateur ont été proposées, en utilisant une nouvelle version du modèle, simplifiée, correspondant exactement à la version proposée dans le jeu.

Dans les deux cas, il a été bien accepté et a suscité de nombreuses discussions sur les systèmes réels, validant ainsi un usage en outil d'animation. Dans plusieurs cas, on nous a demandé de laisser le jeu sur place pour des séances supplémentaires animées localement. Il a fini par être baptisé en pulaar : Njobaari Ilnoowo, ce qui signifie " le nécessaire de voyage de l'irrigant ".

Pour en savoir plus, consultez la page "Gestion intégrée des périmètres et des bassins versants irrigués" du Cemagref ou contactez l'auteur.


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