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Vers une gestion concertée et durable des lentilles d'eau douce sur l'atoll de Tarawa (République de Kiribati)
L'approvisionnement en eau potable sur l'atoll de Tarawa repose sur l'extraction
des eaux souterraines en zones protégées – appelées
réserves - gérées par le gouvernement. Leur création
a été imposée aux propriétaires fonciers qui,
en échange de maigres compensations, ont été forcés
de déplacer leurs habitations en bordure d'ile afin de diminuer
les risques de pollution sur les zones de pompage. Depuis 30 ans, ces
aménagements hydriques, perçus avec ressentiment de la part
des communautés locales, sont le théâtre de conflits
récurrents qui se traduisent par des actes de vandalisme du système
de pompage, une augmentation croissante des demandes de compensation,
et l'installation illégale de maisons sur les réserves.
Malgré cela, le gouvernement décide en 1999 de créer
de nouvelles réserves sur deux iles voisines afin de faire face
à une demande croissante en eau potable. Le projet ne comprend
aucun volet relatif à l'étude d'impact environnemental ni
à une consultation/implication des populations concernées
sur les iles cibles.
En 2000, Ian White et Pascal Perez proposent de mettre en place une
démarche ComMod en partenariat avec le gouvernement et les communautés
locales afin de repositionnerla dimension sociale au cœur du problème et
d'envisager une gestion concertée et durable des réserves en eau souterraine.
La démarche s'est déroulée en 5 phases :
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Sensibilisation a la démarche : réunions
d'information dans les villages et auprès des ministères impliqués ;
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Elicitation des savoirs locaux : enquêtes individuelles de
terrain auprès de représentatifs des différents groupes sociaux et
du gouvernement ;
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Conceptualisation d'un modèle multi-agents
couplés à un jeu de rôles (cf. fiche
JdR) assurée par le collectif de chercheurs franco-australiens
à partir du traitement des enquêtes individuelles de
terrain ;
-
Organisation d'une session de jeu de rôles impliquant
représentants du gouvernement et autorités coutumières afin
de les faire réagir aux problèmes de limitation des ressources en eau,
augmentation de la pollution, accroissement démographique, contraintes
techniques, etc. ;
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Sessions de débriefing : dynamique collective de partage des points
de vue et élaboration collective d’un diagramme de solutions envisageables.
Les sessions de débriefing ont mis en lumière les liens entre
enjeux spatiaux, techniques, sociaux et financiers qui constituent une entrave à
l'accomplissement des objectifs individuels. Lors des discussions relatives aux règles
collectives, les joueurs ont partagé leurs connaissances et expériences de terrain
tout en étant confrontés à des points de vue divergents. Plusieurs cas
d'inversion de rôles ont été observés: (i) représentants du
Gouvernement plaidant (dans le jeu) pour un accès contrôlé aux terres
situées sur les Réserves, (ii) propriétaires fonciers faisant valoir
(dans le jeu) les règles administratives. Au terme du jeu, les participants ont
élaboré collectivement un diagramme de solutions financières,
techniques et pédagogiques à explorer.
Une deuxième session de jeu prévue 6 mois plus tard afin
d’explorer les solutions envisagées lors de la première session n'a pas pu être
réalisée à cause d'un verrouillage politique au niveau local. Le gouvernement
de Kiribati a toutefois renoncé au projet de création de nouvelles zones de
réserves et étudie actuellement des solutions alternatives.
Dernière mise
à jour : 10 janvier 2010 |
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