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Le ruissellement érosif en Pays de Caux
Depuis une trentaine d'années les régions limoneuses de Haute-Normandie connaissent une recrudescence des phénomènes érosifs. En Seine Maritime et plus particulièrement dans le Pays de Caux, le ruissellement érosif est à l'origine de graves problèmes touchant de larges pans de la société : agriculteurs (ravines, recouvrement de cultures...), communes (routes coupées), privés (caves inondées), gestionnaires de l'eau (turbidité de l'eau potable). Après une phase de traitement curatif du problème (aménagements hydrauliques), il est apparu nécessaire d'associer à ce volet curatif un volet préventif visant à réduire le ruissellement boueux en provenance du territoire agricole. En effet, différentes études ont montré que les pratiques agricoles ont une forte influence sur la structure hydrographique des bassins versants cultivés, en fixant la nature et la date des travaux agricole (effet des systèmes de culture sur l'évolution au cours du temps de l'aptitude à ruisseler), en effectuant un travail du sol orienté (pouvant guider le ruissellement diffus), et en imprimant à la surface du sol un réseau de traces de roue. Cependant, du fait que l'eau qui circule sur un versant ignore les limites de parcelles et d'exploitation, les actions à entreprendre tels que la réorganisation spatiale des cultures, la réintroduction de prairies au sein des bassins versants et donc des exploitations agricoles, la modification des pratiques agricoles et/ou l'implantation de petits aménagements hydrauliques, nécessitent une coopération entre agriculteurs. Or, le contexte économique conduit les agriculteurs à avoir des logiques productives et individuelles. Productives, elles conduisent à ne prendre en considération les dégâts que dans la mesure où ils affectent la production. Individuelles, elles se traduisent par une gestion de l'espace, limitée au territoire de l'exploitation, et donc sans tenir compte de la continuité des phénomènes physiques en jeu. Imaginer un aménagement collectif de l'espace est donc un véritable défi d'autant plus que ce management environnemental, commandé, en quelque sorte, par les processus naturels à maîtriser, ne laisse pas aux acteurs la liberté du choix avec qui coopérer. Début 2006, nous avons proposé aux acteurs locaux (Chambre d'Agriculture, Association Régionale pour l'Etude et l'Amélioration des Sols, Syndicats de bassin versant, Agriculteurs, Elus, etc.) de mettre en place une démarche de modélisation d'accompagnement pour tenter, avec l'aide des outils qu'elle propose (systèmes multi-agents et jeu de rôles), de tester les possibilités d'une mise en place concertées de ces actions pour limiter le ruissellement à différentes échelles d'investigation (les exploitations agricoles et le bassin versant). La démarche en cours a déjà abordée les deux phases suivantes :
Compte tenu de l'intérêt très positif des acteurs locaux, la démarche va se poursuivre en 2007 par la mise en œuvre d'un Jeu de Rôles sur un territoire fictif mais proche de la réalité impliquant des agriculteurs, un maire, un animateur de syndicat de bassin versant afin de les aider à envisager ensemble des scénarios possibles de gestion collective du ruissellement érosif au sein d'un bassin versant. L'intérêt pédagogique de cette étude de cas a été testé au préalable comme support d'enseignement dans le cadre du Master “ Sciences et Technologies du Vivant ” de l'INA P-G, mention “ Sciences agronomiques, de l'environnement et du paysage. Durabilité des agro-écosystèmes ”. Un module pédagogique a alors été construit afin de faire vivre aux étudiants la démarche d'accompagnement au travers d'un Jeu de Rôles sur un cas théorique lié à la maitrise du ruissellement érosif par différents acteurs (Agriculteurs, Elus, Animateur de Syndicat de BV et Gérant de coopérative) au sein d'un petit bassin versant agricole (cf. fiche pédagogique).
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